Salif KEITA, l’artiste et le militant politique
Né albinos, le 25 août 1949, le cheval blanc de la musique malienne est un chanteur et musicien descendant de la famille fondatrice de l’Empire du Mali. L’homme n’a pas eu une enfance facile dans un pays où l’albinisme est perçu comme un signe de sorcellerie. Rêvant de devenir instituteur, il se réfugie alors dans les études et apprend secrètement la musique qui, après des problèmes oculaires, deviendra sa seule alternative. Dans sa volonté de pratiquer la musique, perçue comme une infraction aux règles ancestrales de sa famille, Salif KEITA quittera le domicile familial pour élire quartier dans les rues de Bamako. Son talent de musicien, détecté très tôt lors de ses prestations nocturnes dans les cafés et bars de Bamako, vers le Rail Band de Bamako au sein duquel il s’imposera très vite, au point d’en prendre le leadership vocal.
En 1973, il quitte ce groupe pour un autre orchestre, les Ambassadeurs, avec lequel il enregistre son premier album Mandjou qui rend hommage au peuple Mandingue et au président guinéen Sekou Touré. Fort de ce succès, s’ouvrent les portes de l’international avec 2 albums enregistrés aux États-Unis, en 1984, et une participation remarquable au festival d’Angoulême, qui le révélera au public européen. Après Soro en 1987, un album qui marie tradition mandingue et pop, Salif enchaine 5 albums entre 1988 et les années 90. Depuis lors, il s’est positionné comme l’un des artistes les plus actifs sur les scènes internationales.
L’homme aux multiples casquettes s’est lancé également dans l’écriture de musiques de films dont celle de Yeelen. En 2002, il ouvre un club à Bamako qu’il nomme Moffou, qui est aussi le titre de son album suivant, sorti en 2002, s’installe au Mali en 2004 et édite en 2005 un CD enregistré à l’époque des Ambassadeurs. Il sort ensuite l’album M’Bemba dans lequel il se rapproche de l’histoire du Mali et de ses origines princières. Suit l’album « La Différence » en 2009, dans lequel il s’engage auprès des albinos d’Afrique, ou encore contre le laisser-aller en matière de pollution. Depuis 2010, Salif Keïta a été nommé Ambassadeur de la paix de l’Union africaine, afin de soutenir « les efforts de la Commission pour résoudre les conflits et promouvoir la paix sur le continent ».
De la musique à la politique…
Depuis sa présence très remarquable lors des élections législatives maliennes de 2007, où il arrivera en troisième position dans la circonscription de Kati, l’homme n’a plus quitté la scène politique. Bien que timide dans son militantisme politique, il fera entendre parler de lui à travers des sorties médiatiques très commentées, dont celle du 15 novembre 2019 où il avait demandé ouvertement dans une vidéo au président sortant Ibrahim Boubacar Keita de démissionner pour mauvaise gouvernance et affirmé que la France finançait le terrorisme au Mali.
Il rejoindra quelques mois plus tard, en tant que figure de proue, les mouvements de contestation ayant renversé le régime du président IBK. Salif KEITA, depuis le 5 décembre 2020, est membre du Conseil national de la transition du Mali. A cheval entre ses obligations artistiques et son militantisme politique, l’homme ne manque jamais de signaler sa présence à travers des sorties, qui enflamment toujours les réseaux et la scène politique. Le temps nous dira sur le succès politique de l’homme sera à la hauteur de son succès artistique.