Le mot bɔgɔlan, de la langue bambara (la langue la plus utilisée au Mali), vient des mots bɔgɔ, c’est-à-dire la terre, et lan, suffixe bambara sans équivalent en français signifiant «avec ». Donc « fait avec la terre ». L’expression désigne à la fois le tissu et un style particulier de teinture. En effet, la teinture est faite avec des décoctions de plantes bien spécifiques.
Il s’agit d’une toile plus ou moins épaisse en coton, filée et tissée sur place et d’une largeur variante de 5 centimètres à une douzaine (et plus maintenant) de centimètres et vendue en rouleaux. Ces bandes sont cousues bord à bord et à la main pour former des pièces de tissus de dimensions variables. Il est à noter que le même tissu est également confectionné en Côte d’ivoire, au Burkina Faso, en Guinée et au Sénégal.
Pour Mariétou Mariette Dicko, créatrice de mode et présidente du projet « MADI », le bogolan est le patrimoine culturel du Mali. La teinture et l’étoffe d’origine en coton brut appartiennent autrefois à nos ancêtres. « Le bogolan c’est notre patrimoine culturel et sa valeur est inestimable », déclare-t-elle haut et fort. En effet, explique-t-elle, le bogolan est un produit artisanal : un art pour les dessins ancestraux.
Ces symboles sont la traduction de notre vie depuis des millénaires et constituent des moyens d’échanges et de communication, poursuit-elle. Pour la créatrice, le Bogolan est très sous-exploité, et très peu produit, à travers les déclinaisons sur d’autres supports. Et pourtant, est-elle convaincue, le bogolan avec ses richesses, ses symboles, ses couleurs et tissus divers utilisés pourrait mieux participer au développement économique du Mali.
« La valorisation du tissu bogolan permettra de garder notre identité culturelle, notre authenticité tout en créant et innovant autrement et mieux », a fait savoir la créatrice et spécialiste de mode. Aussi, soutient-elle, les symboles et les couleurs du bogolan peuvent tous être source d’inspiration pour de nouvelles créations. « C’est vrai le bogolan est purement traditionnel, toutefois, par ses créations, le tissu peut bien servir la modernité avec classe et beauté », fait remarquer la créatrice à la nouvelle génération.
Ainsi, concernant les motifs et les couleurs, elle souligne qu’ils sont divers et variés selon le désir des clients et la créativité des artisans et des créateurs de mode. Selon Mariétou Dicko, certains motifs sont plus utilisés dans la décoration et d’autres dans l’habillement. A son avis, tout est question de goût et d’adaptation aux saisons. Le bogolan sur du coton brut s’adapte mieux à la saison froide et sur des étoffes plus légères en saison chaude.
Par ailleurs, a-t-elle rappelé, ce sont les Bambara et les Dogons qui faisaient le bogolan, aujourd’hui toutes les personnes qui aiment le bogolan peuvent en fabriquer ou s’en procurer sur le marché. Le bogolan, déplore notre interlocutrice, n’est pas porté au Mali. « Le bogolan est très peu aimé et porté ou utilisé en décoration au Mali. La promotion est la seule voie à suivre». Toutefois, reconnait-elle, des innovations sont déjà faites par ses créations en styles moderne, tradi-modernes et traditionnels. Les innovations par la décoration sont aussi faites dans ses créations.
Il faut beaucoup de communication pour promouvoir le Bogolan. Pour ce faire, elle souhaite, comme au Burkina-Faso (avec le Faso Dan fini) que les autorités maliennes instituent le port des tissus bogolan par les personnalités, lors des grandes cérémonies nationales ou internationales. Ainsi, non seulement le Mali va s’approprier le bogolan, qui va déterminer notre identité culturelle, mais aussi sera respecté.
En tout cas, Mariétou Dicko, créatrice de mode, qui expose des collections en bogolan lors des grands rendez-vous culturels ici et ailleurs, en toute saison (Printemps, Eté, Autonome, Hiver), est convaincue que le bogolan doit être valorisé par les Maliens pour contribuer au développement économique du Mali. Car ce tissu traditionnel qui, il y a quelques années était fabriqué par les Bambaras et les Dogons, est devenu de nos jours, un phénomène de mode avec ses différents motifs et séduit de plus en plus de créateurs, à travers le monde. A travers sa galerie, Modes et Traditions Africaines, la styliste tient, tant bien que mal, le flambeau de la valorisation du Bogolan.